Jusqu?à présent, le handicap faisait partie des critères sociaux pris en compte lors de l?attribution d?une bourse d?études, au même titre que «?parent isolé?» ou «?pupille de la nation?». A partir de cette rentrée, ça ne sera plus le cas. En effet, la réforme des bourses étudiantes conduite par Valérie Pécresse, ministre de l?enseignement supérieur et de la recherche, vient d?écarter un certain nombre de critères d?attribution pour se concentrer dorénavant sur trois d?entre eux : le revenu du foyer fiscal auquel l?étudiant est rattaché, le nombre d?enfants à charge de la famille et l?éloignement entre le domicile parental et le lieu d?études.
?Alors qu?en cette rentrée, les questions de pouvoir d?achat sont au centre des préoccupations, cette annonce a fait l?effet d?une douche froide auprès des 10 000 étudiants handicapés, dont 30 % étaient boursiers en 2007.
Certains d?abord seront rétrogradés d?un échelon à l?autre (il en existe 6 désormais). A titre d?exemple, et selon une simulation effectuée par le syndicat étudiant Unef, un étudiant handicapé d?un RBG (revenu brut global) de 13?500 ? percevra désormais une bourse échelon 3 et non plus échelon 5?; soit 1?171 ? de moins qu?avec l?ancien barème, c?est-à-dire une baisse de 130 ? par mois.
Mais ce n?est pas tout. Pour les étudiants handicapés qui perdront leur statut de boursier, la punition est double. En effet, l?accès à une bourse donne droit à l?exonération des droits d?inscription dans son établissement d?enseignement supérieur et à l?exonération de la cotisation à la sécurité sociale étudiante. Deux prérogatives qui s?évanouissent lorsque les bourses ne sont plus accordées?
Et là encore, les montants ne sont pas négligeables?: pour la rentrée universitaire 2008/2009, les frais d'inscription fixés par le ministère de l?enseignement supérieur sont de 169 ? pour une licence (contre 165 ? en 2007), 226 ? pour un master (contre 215 ? en 2007) et 342 ? pour un doctorat (contre 326 ? en 2007). Des montants auxquels il convient d?ajouter des frais dits "complémentaires" pratiqués chaque année en toute illégalité par plusieurs établissements.
Incompréhension et sentiment d?injustice prédominent aujourd?hui dans le milieu associatif de défense des personnes handicapées. D?autant que le ministère annonce dans le même temps une revalorisation globale des bourses de 2,5 % et l?élargissement du système à 50?000 boursiers supplémentaires?!
Bien sûr, le ministère de l?enseignement supérieur explique que les étudiants handicapés peuvent bénéficier d?une prestation de compensation du handicap (PCH), étendue à partir de la rentrée aux étudiants de moins de 21 ans. Mais dans les faits, cette aide est entourée du plus grand flou quant à son mode de calcul et d?attribution par les MDPH. Par ailleurs, cette prestation existe déjà depuis 2006 pour les étudiants de plus de 21 ans et pouvait se cumuler avec les bourses?
Dans tous les cas donc, les étudiants handicapés risquent de payer un lourd tribut à cette réforme, qui suscite déjà ça et là des mouvements de protestation. L?exemple avec l?association le Droit de Savoir, un collectif pour la scolarisation et l?insertion professionnelle des jeunes handicapés, qui appelle les étudiants concernés «?à?engager une procédure de recours auprès des Recteurs et Directeurs de CROUS de leur académie respective et de remonter leur dossier en copie pour plaider leur cause auprès du gouvernement?» (www.droitausavoir.asso.fr )
Auteur : EG
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