Une fois la barrière du recrutement franchie, il reste au jeune travailleur handicapé à faire ses preuves et à trouver sa place parmi ses collègues. Le poste sera-t-il correctement adapté?? Pourra-t-il bénéficier d?un aménagement d?horaires?? Sa différence sera-t-elle bien acceptée par l?équipe?? Lui offrira-t-on des perspectives d?évolution?? Autant de questions qui peuvent se poser sitôt après l?embauche et auxquelles les entreprises, aujourd?hui, sont davantage attentives.
Un poste adaptéLe code du travail le stipule, les employeurs sont tenus de «?prendre toute mesure appropriée pour permettre aux travailleurs handicapés d?accéder à un emploi, de l?exercer ou d?y progresser?». Cela peut passer par l?adaptation des machines, de l?outillage, du poste informatique, mais aussi porter sur l?accessibilité des locaux et parkings. «?Il s?agit à la fois de prendre en compte le confort de travail et la sécurité, précise Patricia Cacheux, chargée de mission handicap au groupe Décathlon. Nous avons par exemple équipé nos entrepôts de vibreurs qui servent d?alarmes pour les personnes sourdes.?»
Le rôle du médecin du travailC?est au cours de la visite suivant l?embauche que les aménagements peuvent être discutés avec le médecin du travail. Celui-ci, tout en respectant le secret médical, fera connaître à l?employeur les contre-indications et les mesures à envisager. Dans les grandes entreprises, ce sont ensuite des ergonomes qui étudient et mettent en ?uvre l?adaptation des postes. Les horaires peuvent aussi être modulés en fonction de préconisations médicales. «?On propose, par exemple, des aménagements horaires aux personnes sous dialyse ou aux diabétiques?», cite Laurent Thévenet, responsable de la mission handicap à la SNCF.
Intégré comme les autresPour faciliter l?intégration de leurs nouvelles recrues, les grands groupes prévoient généralement un parcours bien balisé. «?Après l?accueil le premier jour par le supérieur hiérarchique, le salarié est invité à une présentation détaillée de notre groupe. Les personnes handicapées y participent comme les autres?», décrit Bernard Cauchy, responsable de la mission handicap à la Société générale*. «?On ne dédouble pas les parcours d?intégration pour les personnes handicapées, complète Laurent Thévenet, de la SNCF. Ce sont des agents comme tous les autres, mais nous sommes vigilants à ce que tout leur soit accessible. Le livret d?accueil existe par exemple en version audio, en braille et en gros caractères.?»
* www.socgen.com ?: les pages «?Recrutement?» du site de la Société générale présentent les métiers et les postes disponibles.
Des collègues sensibilisésJalousie, gêne, défiance, indifférence?
Les réactions des équipes à l?arrivée d?un collaborateur handicapé en leur sein peuvent varier, mais sont rarement adaptées. «?Si les aménagements matériels sont relativement simples, il est plus compliqué de faire changer les mentalités, commente Bernard Cauchy. ? la Société générale, nous avons lancé un programme de sensibilisation au handicap auprès de l?ensemble des salariés. Dans ce cadre, nous avons édité une plaquette et prévu d?évoquer la question du handicap dans toutes les formations internes que peuvent suivre nos collaborateurs.?»
Le soutien d?un tuteurTous les jeunes qui signent un contrat de formation en alternance sont suivis par un tuteur dans l?entreprise. «?Celui-ci fait le point régulièrement avec l?apprenti sur son travail et sur les problèmes rencontrés, détaille Bernard Cauchy. Ce système de tutorat peut aussi être proposé aux personnes handicapées nouvellement embauchées, mais uniquement sur la base du volontariat, si elles en ressentent le besoin.?»
Droit à la formation
Après l?adaptation de leur poste de travail, les personnes handicapées n?osent pas toujours demander à évoluer. Pourtant elles ont évidemment les mêmes droits à la formation et à la mobilité professionnelle que l?ensemble des salariés. «?Nous avons analysé les parcours des travailleurs handicapés à la SNCF, rapporte Laurent Thévenet. L?étude n?a pas montré de différence pour les agents exécutifs ou de maîtrise. Par contre, les cadres handicapés semblent se heurter au fameux??plafond de verre?. Pour y remédier, nous sensibilisons nos managers et veillons aussi à proposer des formations adaptées à tous les publics.?»
Auteur?: Laurence Merland
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