Adorable et pénible : un enfant malgré son polyhandicap
05-02-2008
Une étude clinique médicale a été menée en 2005 sur une population de 30 enfants atteints de polyhandicap. L?’idée était d?’estimer la qualité de vie de cette population. Devant les capacités motrices et de communication proches de celles d?’un bébé, une échelle d?’évaluation de la qualité de vie du nourrisson a été utilisée.

Elle était remplie par les parents. La surprise a été de constater qu?’ils estimaient la qualité de vie de leur enfant polyhandicapé comme bonne. Les résultats moyens étaient même légèrement meilleurs que ceux de la population générale. Pouvait-on en conclure que leur qualité de vie était meilleure?? Probablement non : ce type d?’étude présente trop de biais pour affirmer une telle conclusion. Par contre des hypothèses peuvent être proposées?: les parents de ces enfants n?’attendent pas davantage de leur enfant que ce qu?’il peut donner. Ainsi les enfants polyhandicapés ayant les capacités d?’enfants de moins de 1 an, les parents ont adapté leurs exigences.
Dans tous les cas, l?’évaluation de la qualité de vie d?’une personne ne peut être appréciée par quelqu?’un de trop éloigné de la personne évaluée.

«?C?’est le plus gentil des enfants?…?»
Le discours des parents vis-à-vis de leur enfant n?’est qu?’exceptionnellement négatif. On peut entendre?: «?c?’est le plus gentil des enfants, il me comble de tendresse, il est sociable, il aime la vie, il m?’a apporté tant de choses?….?»
Voici ce que la maman d?’Hakim écrit ?: «?Son handicap est très lourd, mais ce n?’est pas un légume. Il a des sourires de satisfaction, de joie, des rires, il connaît la peur. Il a la mémoire des bonnes et des mauvaises expériences, la mémoire des personnes, des lieux. ?€ l?’hôpital, il ne sourit pas, il ne pleure pas. Quand on me dit que c?’est dur de vivre avec un tel enfant et de telles contraintes, je réponds?: "?Qu?’est ce que la vie?? " Dans le voisinage, la semaine de Noël, un jeune s?’est tué en moto, il avait 16 ans. 16 ans d?’efforts et de rêves d?’avenir anéantis. Parfois ces jeunes accidentés restent handicapés à vie, eux aussi. Comment?peut-on vivre ainsi ? Qui en juge?? Je laisse la question aux philosophes, aux médecins qui soignent (jusqu?’où??). Peut-être qu?’un jour la vie se chargera de me répondre. Mais pour l?’instant mon fils vit sans souffrances, apparemment c?’est un beau garçon. Et c?’est mon fils.?»
L?’enfant polyhandicapé sait se faire aimer, sait répondre à une attente d?’affection et de tendresse qui peut suffire à? combler des parents, pour peu qu?’ils ouvrent les bras pour recevoir quelque chose de lui.

«?Il est devenu tyrannique?»
Mais l?’enfant polyhandicapé sait aussi se faire haïr. La qualité de vie de l?’enfant et surtout des parents paraît atteinte sévèrement quand l?’enfant devenu tyran manifeste sa frustration par des cris incessants. Parfois, il ne supporte que les bras de ses parents. Il ne veut en aucun cas être assis dans un siège si confortable soit-il et il crie et pleure jusqu?’à obtenir satisfaction. Ainsi une maman passait sa vie sur le divan, son enfant dans les bras depuis?… plus de 10 ans. Parfois un des deux parents, souvent la mère, dort dans le lit de son enfant, oubliant sa vie de couple. Au début sa présence près de l?’enfant permet qu?’il s?’endorme puis, petit à petit, sa présence permanente devient nécessaire pour qu?’il s?’apaise et reste endormi. Certains enfants n?’acceptent d?’être nourri que par une seule personne. Aussitôt les frères et s?œurs sortis du domicile pour aller à l?’école, ils manifestent leur solitude par des grognements stridents.
Ces situations de tyrannie peuvent devenir invivables pour l?’entourage. Mais cette question relève de l?’éducation de l?’enfant plus que de sa déficience. Il n?’existe pas de lésions cérébrales responsables de tyrannie. L?’enfant a son caractère propre, des défauts et qualités qui ne sont pas à rattacher à tout prix à son handicap.
Bien sûr, la déficience importante de l?’enfant?rend l?’éducation plus difficile : les parents n?’osent pas gronder leur enfant, par exemple. Ils ont parfois besoin d?’être aidés pour comprendre à quel point cette attitude est néfaste pour leur enfant et pour la famille. Une femme peut consacrer plus de deux heures chaque jour, à chaque repas, pour nourrir son enfant si cela répond à un besoin vital. Elle peut avoir la satisfaction de se sentir une bonne mère, mais cela peut aussi devenir une aliénation si cette contrainte n?’est plus choisie mais imposée par l?’enfant tyrannique qui ne tolère pas d?’être nourri par quelqu?’un d?’autre. Peut-être, pour mieux vivre avec leur enfant, les parents doivent-ils avant tout envisager que le bonheur est possible avec lui, qu?’ils y ont droit et ne sont pas «?coupables?» de l?’avoir mis au monde.

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Ric - Nice ? ? | 113.65.197.111 | 04-12-2013 02:41:51
Thank you for this article. That?s all I can say. You most definitely have made this blog into something special.
Isabelle Bernard - Enfant tyran ? | 5.49.105.236 | 07-03-2013 18:25:21
Ma grande a bientôt 17 ans et elle est aussi sympa que chiante, elle sait très bien me stresser au maximum, elle sait aussi me faire rire quand j'ai bien pêter un plomb après des heures et des heures de patience.
C'est l'aînée, elle est polyhandicapée, nous en avons fait un tyran à tout lui céder pour qu'elle soit bien. Et maintenant que je suis seule pour gérer le quotidien, je le paye cher car il n'y a pas de plan B quand j'ai besoin d'une petite pause.
Grave erreur que je ne recommence pas avec sa petite soeur, elle aussi handicapée, quand elle abuse, je le lui fais savoir directement, résultat elle est toute mignonne, bizarre non??
Alors j'ai juste envie de dire:
- ils sont lourdement handicapés, ok
- ils ont hyper besoin qu'on prenne soin d'eux et qu'on soit à leur écoute, ok
- mais ce n'est pas une raison pour se laisser pourrir la vie en cédant tout.
L'expérience me montre chaque jour que ça ne rend service à personne au final.
Pour la grande c'est trop tard, le mal est fait, il n'y a plus qu'à supporter maintenant...
Mais pour la petite, pas question de reproduire la même erreur.
J'ai parfois envie de leur dire :
Je vous aime, mais je me préfère... D'ailleurs je le leur dis...lol
feugere - mon fils polyhandicapé ? | 90.44.166.210 | 17-05-2010 15:29:28
je me retrouve tout a fait dans l article sur les enfants tyrans la vie avec mon fils devient inssurportable ! je l aime et lui est tout donner depuis sa naissance mais depuis quelque temps il hurle dés que je m éloigne de lui de quelque centimetre il fait caprice sur caprice et devient agréssif il ne peux pas ce servir de ses main mais dés que je l ai dans les bras il me mort . j ai pourtant l impréssion de faire le maximun pour lui mais ma vie de famille est en péril j aibesoin de conseil merci a tous
martine - un tyran charmeur ? | 83.206.51.169 | 20-11-2009 10:57:56
Quentin a maintenant 11 ans, polynandicapé suite à un syndrome de West. Il fait des crises d'épilepsie pluriquotidiennes. Il est hébergé en semaine dans un centre depuis l'âge de 6 ans.
Je me suis beaucoup consacrée à lui les premières années de sa vie et encore maintenant. Nous avons une relation fusionnelle.
Nous sommes arrivés au fil des ans, sans nous en rendre compte, à ce que Quentin ne supporte plus que je ne me consacre pas entièrement à lui lorsqu'il revient à la maison. Il hurle dès que j'essaie de parlet à quelqu'un, que ce soit mon mari, son frère, au téléphone et cela prend des proportions encore plus impressionnantes si nous avons de la visite...
Nous sommes obligés de l'isoler afin de pouvoir discuter alors que nous ne l'avons pas vu de la semaine... mais nous ne pouvons supporter très longtemps de l'avoir isolé et nous supportons donc ses hurlements toute la journée.
Les médecins ont essayé plusieurs thérapeutiques (notamment des neuroleptiques) mais sans beaucoup de succès.
Il se comporte de la même manière au centre avec les personnes qui s'occupent de lui et voudrait être en permanence en présence d'un adulte qui s'occupe exclusivement de lui.
Tous nos subterfuges échouent pour lui faire prendre conscience que les autres aussi ont besoin de l'adulte et qu'il doit partager.
Il m'a été reproché de trop m'occuper de lui, de l'avoir "couvé", et il m'a été demandé d'essayer de me détacher de lui... c'est dur après ce que nous avons vécu depuis pratiquement sa naissance (il avait 5 mois lorsque les premiers signes sont apparus). Quentin est un enfant charmeur, avec un sourire irrésistible, très calin et l'attention que nous lui portons lui procure un tel plaisir que je ne peux imaginer l'en priver même si cette situation devient pesante parfois.
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