Boris Cyrulnik : résilient?
comme vous |
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17-12-2012 |
Le nom de Boris Cyrulnik est associé au concept de résilience, cette capacité humaine à surmonter le pire. Dans son dernier ouvrage, Sauve-toi la vie t?appelle, il raconte son enfance de petit garçon juif traumatisé par le silence qui lui a été imposé. Une souffrance qui ne l?a pas détruit grâce à ce qu?il appelle ses «?braises?» de résilience. Rencontre.
Déclic- La souffrance liée au silence et au déni, que vous décrivez dans votre livre, est aussi ce dont témoignent les personnes handicapées. Comment l?expliquer ?
B.C- Le silence est un moyen de se protéger d?un regard stigmatisant qui accompagne celui dont le handicap se voit. Le regard de l?autre est souvent un regard obscène qui ne respecte pas les codes. Normalement, on se regarde, on sourit, on détourne le regard pour ne pas gêner l?autre. Ce code permet d?apprivoiser l?émotion des deux partenaires de la rencontre, or ça ne se passe pas comme ça avec une personne handicapée. Beaucoup de « normaux » regardent le handicapé de manière indécente, ce qui ajoute une humiliation au handicap physique. Puisque le rejet ne débute qu?au moment où la maladie est divulguée, où le handicap est visible, le silence et le déni évitent cette confrontation. Dans ce cas, la personne handicapée fait ce que j?ai fait : elle se coupe en deux parties, l?une socialement partageable et l?autre qui souffre en secret.
Retrouvez la suite du «?Grand entretien?» dans Déclic n°151 (janvier-février 2013)
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