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Musicothérapie et handicap : idéal pour améliorer sa communication

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Il semble sourd à ce qui se passe autour de lui. Il siffle, soupire, marmonne dans une langue inaudible. Et s’il trouvait dans la musique un moyen de s’exprimer ?

Sortir l’enfant de son isolement

« Nous avons tous une sensibilité innée à la musique, qui remonte à notre vie intra-utérine, explique Célina Décréaux, musicothérapeute auprès d’enfants autistes et déficients intellectuels en IME, à Montpellier. Au début, le fœtus est bercé par des sons, des rythmes, des vibrations. Et son environnement est fortement marqué par la voix de la mère. Alors, la musicothérapie s’appuie sur ce langage universel, ce potentiel qui existe en chacun de nous, pour sortir certains enfants de leur isolement et instaurer un échange. Elle utilise la musique comme médium, comme outil pour établir une communication. Et ce qui est frappant chez des enfants non verbaux, porteurs de troubles autistiques : certains ne réagissent pas si vous leur parlez ; en revanche, ils prêteront plus facilement attention à un son, un souffle, une harmonie, etc. »

La musicothérapie va l’aider à interagir

Reste à repérer à quel type de son l’enfant est sensible. « Mon rôle est de saisir son mode de communication et d’entrer en contact avec lui grâce, par exemple, à un jeu sonore d’imitation, explique Célina Décréaux. Si un enfant s’exprime en marmonnant, je vais m’installer au piano et lui jouer la note correspondant au son qu’il produit. Et ce jeu de miroir va éveiller chez lui un intérêt.»

Un nouveau langage

Elle poursuit : « Dès les premiers sons de la musicothérapie, l’enfant se rend compte qu’il se passe quelque chose. Il n’a pas forcément l’intention d’y donner suite, mais il va tout de même réagir, par une mimique, une gestuelle, un son vocal, etc. Puis j’en profite alors pour initier un échange, qui peut se transformer petit à petit en communication. L’idée est qu’il utilise ensuite ce nouveau “langage” comme moyen d’expression. Qu’il s’en serve pour dire son bien-être, son mal-être… bref, se faire comprendre. »

La musique est utilisée comme outil pour établir une communication
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Structurer ses phrases grâce au rythme

De plus en plus d’orthophonistes ajoutent la musique à leur palette. Avec le chant, par exemple, un enfant peut apprendre à articuler ou mieux contrôler sa respiration. Mais la musicothérapie peut aussi apporter des réponses à des problèmes plus profonds. « En séance individuelle, je reçois un adolescent de 15 ans qui présente de sévères troubles du langage, note Célina Décréaux. Il met des mots bout à bout, mais sans leur donner de sens. En début de séance, je lui propose de jouer du balafon (un instrument de percussion d’Afrique occidentale). Et ce tandis qu’il me raconte ce qu’il a fait dans la journée. Je m’applique à lui proposer un rythme très régulier. En se calant sur ce tempo, il parvient à gommer ses difficultés et à se faire comprendre. »

Canaliser son attention

La musicothérapie peut être active (l’enfant produit des sons) ou réceptive (l’enfant écoute). Cette seconde technique est intéressante pour des enfants qui souffrent d’hyperactivité, car elle contribue à améliorer la concentration et la mémorisation. « Par exemple, il m’arrive de proposer en début de séance entre quinze et vingt minutes de détente psychomusicale, indique Célina Décréaux. Je fais écouter à l’enfant une musique qui lui plaît, en utilisant une bande sonore en U : au début, le son est riche, puis son intensité diminue au fur et à mesure (un tempo plus lent, moins d’instruments) pour aboutir à une phase de relaxation, avant de s’amplifier à nouveau. »

Complicité musicale

Ensuite, vient la phase d’échange ou de « complicité musicale ». « Je joue une mélodie à l’enfant et je lui demande d’imaginer une scène, de faire un “film” avec ce qu’il écoute, précise Célina Décréaux. Il est libre de tout exprimer. Parfois, je prends le relais et lui raconte une histoire alors qu’il joue des instruments de son choix. Dans ces moments-là, son attention est captée par la musique, qui l’apaise et le tranquillise. »

La musicothérapie est un moyen d’exprimer sa créativité
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Qu’est-ce qui différencie l’art-thérapie d’une activité artistique lambda ?

  • Pour être reconnue comme une activité thérapeutique (et être prise en charge), toute médiation doit faire l’objet d’une prescription médicale, au même titre qu’une autre activité de soin (psychomotricité, ergothérapie, etc.).
  • De plus, l’activité bénéficie d’un encadrement par un thérapeute formé, qui définit des objectifs précis en fonction des troubles identifiés chez l’enfant.
  • Mais, à la différence d’un professeur classique de musique, de théâtre, de danse, etc., l’art-thérapeute revient systématiquement sur la séance pour analyser ce qui s’y est passé. Il s’en sert pour la séance suivante.

La créativité, ça sert à quoi ?

« Lorsqu’on donne à un enfant polyhandicapé la possibilité d’émettre des sons dans un tube en plastique, on lui offre un moyen d’exprimer sa créativité. Or, qui dit créativité dit prise de conscience de soi en tant que sujet, en tant qu’individu capable. Une prise de conscience s’opère aussi avec la musique réceptive. Si vous faites écouter de la musique à un enfant dont le système sensoriel et cognitif est altéré, vous générez chez lui des perceptions qui lui permettent de prendre conscience des autres et de son environnement. »

La musicothérapie peut être active (l’enfant produit des sons) ou réceptive (l’enfant écoute).
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Témoignage

« Il chante Couleur café sous la douche »

Corinne Villegas est la maman d’Hugo, 11 ans, porteur de troubles envahissants du développement et d’un retard psychomoteur.
« Hugo est en IME. Toute la semaine, on lui demande beaucoup d’investissement. Or, nous souhaitions lui apporter la possibilité de lâcher prise et d’accéder à un bien-être. Depuis janvier, une musicothérapeute vient à la maison, tous les jeudis, pendant une demi-heure. On sent qu’il se détend et prend du plaisir, car il en parle beaucoup. Il chante Couleur café de Gainsbourg sous la douche et prend facilement la guitare pour en jouer. Certes, c’est encore un peu tôt, mais nous espérons que cela servira aussi à améliorer sa capacité à communiquer. »