Lulu est devenu adulte. Il travaille, habite dans un appartement. Bref, il vole de ses propres ailes. Mais voilà, des personnes mal intentionnées l’ont convaincu d’acheter une voiture alors qu’il n’a pas le permis. Comment éviter les arnaques et qu’on abuse de sa vulnérabilité ?
Quelles sont les arnaques les plus courantes ?
Arnaques financières
- Démarchage téléphonique ou numérique : « Il leur arrive fréquemment de recevoir un mail ou un appel leur annonçant qu’ils sont l’heureux gagnant d’un concours. Pour accéder à leur gain, ils doivent transmettre leurs coordonnées bancaires », explique l’équipe éducative du Pôle à Domicile- Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) de l’ARIMC.
- Démarchage physique : « Les colporteurs à domicile peuvent être très convaincants. Du fait de leurs handicaps, les jeunes adultes handicapés sont plus vulnérables, souligne l’équipe. Ils se retrouvent à acheter des objets inutiles ou hors de prix. Une collection d’encyclopédies ou un aspirateur dont ils n’ont pas besoin, par exemple. »
Arnaques relationnelles
- Squat d’appartement : « Le handicap met souvent en difficulté les jeunes dans leur capacité à développer un réseau social et amical. Il rend vulnérable, isole. Ces jeunes adultes veulent à tout prix se faire aimer, confie l’équipe. Alors ils ouvrent leur porte à tout le monde. Nous avons dû, par exemple, intervenir pour mettre dehors des “amis” venant squatter et dilapider leur frigo. »
- Escroquerie sentimentale ou relations sexuelles intéressées : « En naviguant sur Internet ils tombent, sans s’en rendre compte, sur des sites de rencontre où la relation est parfois payante. Ils s’investissent auprès de la personne et sont prêts à donner beaucoup d’argent. Certains se font voler en l’invitant chez eux. »
- Escroquerie auxiliaires de vie sociale : « Nous apprenons aux jeunes à faire attention, car la relation de confiance est telle qu’avec une personne mal intentionnée, l’arnaque devient facile. Ils doivent être conscients que certaines choses ne sont pas normales : l’auxiliaire de vie ne doit pas prendre de la nourriture dans le frigo ou réclamer de l’argent. »
Comment éviter les arnaques ?
Je suis un parent
Vous ne pourrez pas le mettre à l’abri de tout. Lulu doit faire ses propres expériences. « L’important est de communiquer. Nous conseillons de prendre le temps d’en discuter, et de renouveler l’expérience si nécessaire. Ce discours préventif doit s’adapter au degré de vulnérabilité de l’enfant. Les parents peuvent faire appel à des associations tels que l’ARIMC pour prendre conseil, échanger, mais aussi se rassurer. »
Je suis un professionnel SAVS
L’expérience de l’équipe du SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale) :
Nous travaillons au cas par cas. L’équipe se rend régulièrement dans les appartements des personnes accompagnées, pour discuter avec eux, leur délivrer des messages préventifs, vérifier que tout va bien. Nous sommes vigilants quant à leurs dépenses. Des ateliers sont mis en place pour leur apprendre à se prémunir des abus via le net.
Et si je veux une mesure de protection pour mon enfant ?
Plusieurs options s’offrent à vous. Pour chacune d’entre elles, une demande doit être adressée au juge des tutelles, accompagnée d’un certificat médical établissant une altération des facultés mentales, constatée par un médecin expert agréé par le procureur :
- la curatelle simple : le curateur veille aux intérêts du majeur protégé, qui gère lui même ses comptes et dispose de ses moyens de paiement.
- la curatelle renforcée : le curateur assiste le majeur. En tant que co-signataire, il n’est pas décisionnaire, mais arbitre les choix de la personne protégée.
- la tutelle : le tuteur représente le majeur. Ses choix doivent s’exercer dans le respect des envies, de la vie et de la parole de la personne protégée.
Témoignage : l’expérience de Mylène sur l’escroquerie
Mylène, maman de James, 26 ans, atteint de galactosémie congénitale.
James travaille en Esat, il est autonome. Un jour, un de ses amis lui a demandé 130 €, soi-disant pour nourrir sa famille. James lui a fait confiance, et lui a donné cette somme. Pour le protéger de nouvelles escroqueries, j’ai décidé, il y a trois ans, de le mettre sous ma curatelle. Depuis, je suis moins stressée. Lorsqu’il sera en couple, aura des enfants, alors la curatelle ne sera plus nécessaire.
Merci à :
- La direction et l’équipe du Pôle à Domicile – SAVS de l’Association régionale Rhône-Alpes des infirmes moteurs cérébraux (ARIMC)
- Virginie Robert, mandataire judiciaire à la protection des majeurs à l’association tutélaire ATHM.
Vanessa Cornier