Lulu est malentendant et malvoyant. Mais pour expérimenter le monde qui l’entoure, il a bien des ressources ! N’hésitez pas à puiser dans la panoplie des moyens d’éveil que les spécialistes de ce handicap rare ont imaginés.
Sourd et aveugle, comment communiquer ?
Privé de ses sens majeurs, votre enfant a besoin de repères fixes pour se rassurer.
Les bons principes :
- Entrez en relation avec lui : allez le chercher, créez des situations de jeu et de plaisir.
- Choisissez un élément vestimentaire ou un accessoire qui vous identifie : Lulu saura vous reconnaitre à la texture douce de votre pull préféré, il identifiera sa grand-mère grâce à son collier.
- Laissez parler les odeurs… d’une pièce ou d’une personne, sans changer trop souvent de parfum.
- Évitez de changer les meubles de place.
- Aménagez la maison. Une petite barre fixée au mur l’aidera à se relever facilement ou à marcher. Réservez-lui des espaces de jeux (le tapis d’éveil, sa boîte à jouets, la petite table pour gribouiller, construire, etc.).
- Ritualisez pour l’aider à anticiper.
- Ne lui bloquez jamais les mains. Elles lui permettent de se repérer et de communiquer.
Comment développer les sens de votre enfant ?
Il est important de stimuler ses possibilités auditives et visuelles, si minimes soient elles et de l’aider à développer d’autres sens (tactile, odorat, goût) dès le plus jeune âge.
Vous pouvez :
- Utiliser des jouets de couleurs vives ou des contrastes forts, comme le noir et le blanc.
- Vous amuser avec les textures : pâte à modeler, sable kinétique, la douceur du velours, raideur d’une éponge à gratter.
- Favoriser les vibrations à l’aide de jouets.
- Vous pouvez aussi poser sa main sur votre gorge lorsque vous parlez.
- Chanter des comptines avec des gestes ou mouvements corporels, créant une interaction.
- Jouer avec les sensations : soufflez doucement dans son cou, massez-le, touchez ses mains s’il est d’accord.
- S’enrouler, ramper, se mettre à quatre pattes rend le système nerveux plus mature.
Expérience de Mathilde
Virginie, maman de Mathilde
Les premiers jours de sa vie, Mathilde refusait d’être touchée. Ce contact lui rappelait les manipulations douloureuses des médecins. À la sortie de l’hôpital, nous avons décidé de prendre des cours de massage. Petit à petit elle a fini par adorer ça. C’est ainsi que sont apparus ses premiers sourires !
Être à l’écoute de l’enfant
Trop stimulé, l’enfant a tendance à se braquer. Ménagez-le !
Soyez vigilants pour :
- Repérer sa fatigue ou sa lassitude : s’il tourne les yeux, la tête, c’est qu’il est temps d’arrêter l’activité.
- Prendre le temps de le laisser évoluer. Ce n’est pas grave s’il ne marche pas encore. Mieux vaut aller trop doucement que trop vite et brûler les étapes.
- Ne pas avoir peur de revenir en arrière pour avancer.
Expériences d’un expert et d’une maman
Lucie Meunier, psychomotricienne :
Un jour une maman est venue avec son garçon de 18 mois qui ne bougeait pas. Je l’ai alors installé dans un hamac et il s’est mis à se tourner. En discutant avec elle, j’ai découvert qu’in utero il remuait énormément, mais qu’à sa naissance il est devenu statique. Dans un hamac, l’enfant peut toucher et sentir son corps. La pesanteur, au contraire l’en empêche.
Yamina, maman de Mohamed :
Mohamed est hypersensible. Jusqu’à ses 3 ans, toucher un nounours ou un tissu le répugnait. Je n’ai donc pas insisté. Lors de nos voyages en Algérie, je l’ai laissé découvrir le monde seul, à son rythme. Il s’est mis à découvrir le sable, les fruits et les légumes du jardin… avec ses mains !
Vanessa Cornier
Références
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Merci à Lucie Meunier, psychomotricienne et à Sylviane Cosson, éducatrice spécialisée du service Éducation Précoce – Guidance Parentale de l’IME de Chevreuse (78).