Toxine botulique : pas de risque neurologique |
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15-12-2008 |
«?Des chercheurs italiens pensent que le botox pourrait remonter le long du système nerveux et l'endommager. Y a-t-il un danger pour nos enfants???» Un lecteur de Déclic a interpelé la rédaction (à peu près dans ces termes) après la publication de notre article sur le traitement des jeunes IMC par la toxine botulique. Il faisait référence à une publication scientifique traitant de l?épilepsie.
Il nous fallait en avoir le c?ur net. L?enquête et les résultats sont très rassurants. Ouf?!
En avril dernier, une équipe de chercheurs italiens a publié un article scientifique sur «?les effets retrogrades à longue distance de la toxine botulique A?». Notre lecteur s'inquiétait de ces «?effets à longues distances?» et espérait dans cette recherche sur la toxine botulique et l'épilepsie.
Les chercheurs italiens ont-ils expérimenté la toxine botulique pour traiter l?épilepsie?? Absolument pas. Leur objectif était de comprendre les mécanismes en jeu. Pour cela, ils ont utilisé la toxine comme un outil d'investigation. Ils espéraient montrer, grâce à elle, que la libération dans le cerveau d'un neurotransmetteur, le glutamate, est à l'origine des crises. Bref, en utilisant la toxine botulique, les scientifiques italiens ne cherchaient pas un médicament mais à comprendre ce qui déclenche les épilepsies.
«?Effets à longues distances?»??
Alors qu'ils menaient leurs expériences sur des rats, ils se sont alors rendu compte que la toxine qu'ils injectaient dans l'?il, les nerfs des moustaches et le cerveau était capable de passer d'un neurone au neurone voisin. Ils ont aussi remarqué que la toxine pouvait remonter le long du neurone jusqu'à son noyau. Ces résultats sont intéressants pour les biologistes car ils permettent de comprendre comment la toxine se déplace dans le système nerveux. Mais ils n'ont aucun impact médical. Tout d'abord, la toxine botulique n'est jamais injectée dans le cerveau pour les applications thérapeutiques. Ensuite, les doses injectées par les chercheurs italiens sont proportionnellement à la taille des rats vingt à mille fois supérieures à celles injectées pour soigner l'homme?! Enfin, le fait que la toxine puisse remonter dans le neurone n'est pas une nouveauté?:?cet effet est connu depuis plus de vingt ans. Les chercheurs et les médecins s'étaient posé des questions à ce propos quand la toxine botulique a été autorisée comme traitement, mais ils avaient jugé qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. L'histoire semble leur donner raison puisque quinze années d'utilisation thérapeutique n'ont pas pu relever cet effet dans la pratique.
Les observations notées par les chercheurs italiens relèvent en fait uniquement de la biologie générale. Elles n'ont pas d'applications médicales. Et elles n'ont rien à voir avec un autre phénomène?:?la diffusion de la toxine autour de son lieu d'injection (à lire l?article Faut-il avoir peur de la toxine botulique?? ). Dans ce cas, lors de l'injection de la toxine dans le muscle, l'aiguille lèse quelques minuscules vaisseaux sanguins. Une petite quantité de produit est disséminée par le sang dans les tissus voisins, ce qui peut exceptionnellement entraîner des effets indésirables. Aujourd'hui le principal problème de la toxine botulique est plutôt que son effet ne dure que quelques mois.
Mathilde Elie
Source?: l?article est consultable en version italienne en cliquant sur http://www.area.pi.cnr.it/index.php?module=announce&ANN_user_op=view&ANN_id=40
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