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Trisomie 21 et apprentissage : comment encourager son enfant ?

Comment aider son enfant porteur de trisomie 21 à progresser dans les apprentissages sans le placer en situation d’échec ? Par l’autodétermination, l’utilisation de moyens de communication appropriés, des méthodes sympas, et du soutien à la maison.

 Quand certains professionnels suggèrent de faire attention, de ne pas trop stimuler l’enfant porteur de trisomie 21, vous vous dites qu’ils n’en font pas assez. Quand les enseignants demandent plus, de résultats, les parents se disent qu’ils ne se rendent compte des difficultés. Des incompréhensions demeurent, mais on est pourtant tous d’accord sur l’importance de l’éducation précoce et des bienfaits des apprentissages, tout au long de la vie. Pas question de privilégier l’activité poney au détriment de la lecture. Pour autant, stimuler l’enfant porteur de trisomie 21, l’aider à apprendre, ne doit pas se faire sans précautions, sans observation de son rythme, de ses envies et de ses capacités.

Favoriser l’autodétermination

« La remédiation cognitive » est une approche rééducative qui favorise le développement et l’amélioration des capacités d’apprentissage. Cet outil rééducatif diminue aussi par l’autodétermination les effets de la déficience intellectuelle. Il s’agit de laisser l’enfant et l’ado décider de ce qu’il a envie de faire, comment, des objectifs qu’il doit atteindre et des risques qu’il est prêt à prendre. Il se sent ainsi valorisé et moins passif.

« Il est important que les professionnels comme les parents adaptent leurs attentes de façon à ce que l’enfant puisse y répondre sans être placé trop souvent en situation d’échec, explique Bernadette Céleste, psychologue et ancienne directrice de L’INSHEA, membre de Trisomie 21 France. S’il n’arrive pas encore à lire, cela ne veut pas dire qu’il n’y arrivera pas plus tard. Le problème, c’est que les parents manquent de repères de psychologie populaire leur expliquant que l’enfant marchera ou acquerra telle compétence à tel âge. Alors on tâtonne, sans jamais savoir si c’est le bon moment. Ce qui n’est pas grave. Il suffit de rester attentif aux petits signes montrant que l’enfant est prêt à faire quelque chose. Et c’est aussi en montrant à ces enfants qu’on a confiance en eux et qu’on sait qu’ils peuvent y arriver, que ça marche ».

Langue des signes, pictogrammes… 

Un enfant qui traîne les pieds pour apprendre, semble triste, ne rit plus, dort mal, (re)fait pipi au lit, sont autant de signes de mal-être visibles et qui permettent de savoir qu’un enfant a été trop sollicité. Mais parfois, chez les enfants porteurs de trisomie, ces manifestations sont très discrètes et ce n’est pas si évident. Il faudra être attentif à tout ce qui rend votre enfant joyeux et à ce qui lui pèse. Votre enfant a du mal à s’exprimer, notamment verbalement? Vous pouvez tenter la langue des signes ou l’utilisation de pictogrammes pour l’aider à dire ce qui ne va pas, y compris dans les apprentissages. Souvent, les parents sont les mieux placés pour le savoir. « J’ai obtenu une notification pour une scolarisation à plein-temps, mais ma fille n’est accueillie par l’école qu’une heure et demie par jour, raconte Nadia, maman de Sarah, 8 ans. On me dit qu’elle n’a pas sa place en classe. Ils ne se rendent pas compte de tout ce qu’elle sait faire. Je l’aide à progresser à la maison en attendant mieux et son comportement est radicalement différent. Avec des méthodes adaptées, de la patience, elle a repris confiance en elle et apprend aujourd’hui à lire et à compter. Je prends le temps de lui expliquer, de la stimuler et de la féliciter quand elle trouve la bonne réponse. Cette vision positive de ma fille et de ses capacités l’encourage et lui fait beaucoup de bien. Sarah est une petite fille heureuse, épanouie, elle aime aller à l’école. Il suffit juste de volonté et de bienveillance pour accueillir nos enfants. »

À la maison, on apprend les codes sociaux

Avec ou sans prise en charge précoce, c’est à la maison que votre enfant apprend d’abord de vous, de ses frères et sœurs s’il en a, et du monde qu’il découvre. Un environnement d’autant plus stimulant qu’il est aussi plus sécurisant. Et même sans vous substituer aux enseignants, vous pouvez aussi l’aider à entrer dans la lecture et l’écriture par le jeu et par des méthodes pédagogiques qui favorisent le toucher, la manipulation, l’observation, etc. « Les apprentissages à la maison ce n’est pas “l’école à domicile” explique Mariana Loupan, responsable du pôle parentalité au sein de l’association « Chouette, on apprend » www. chouetteonapprend.org. Il s’agira de travailler l’autonomie de l’enfant dans la vie quotidienne (hygiène, repas, etc.) et de transférer les apprentissages travaillés à l’école et dans les rééducations. En encourageant l’enfant à s’habiller seul, on travaillera les couleurs, la comparaison et le choix des vêtements selon les saisons. En rangeant sa chambre il apprendra la classification et l’organisation. En lui proposant de dresser la table, on l’encouragera à compter, etc. Sans oublier les manières, les règles de comportement et les codes sociaux. L’essentiel est que l’enfant progresse, prenne du plaisir à apprendre et que les parents conservent leur rôle. »

«Les enfants trisomiques ne sont pas trop fatigables pour l’école ! »Yasmine, maman de Cyrus, 4 ans
et demi, porteur de trisomie 21.

« Mon petit garçon est scolarisé à temps plein et tout se passe très bien. Il est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants (oui, je viens d’avoir des jumeaux !) et nous ne faisons pas de différences entre eux. J’essaie d’apprendre plein de choses à mon fils par le jeu, en m’inspirant des méthodes Montessori, Feuerstein, Borel-Maisonny. Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Pour découvrir des méthodes d’apprentissages différenciées pour Cyrus, voir ce qui se passe à l’étranger, échanger avec d’autres parents sur leurs astuces. Et il se passe plein de choses formidables. Alors j’en ai un peu assez d’entendre des propos comme : « Les enfants trisomiques sont mieux ensemble-sous entendu, en établissement » ou « Ils sont trop fatigables pour rester à l’école ». Je ne sais pas ce que pourra faire Cyrus en grande section de maternelle, ni au CP. Nous verrons s’il ira en classe ordinaire ou en ULIS école, mais quoi qu’il arrive, nous ferons tout pour qu’il soit heureux. »

Isabelle Malo


Références

  • (1)
    -Vous connaissez la méthode Upbraining ? Inspirée des travaux du professeur Feuerstein et développée par la maman d’un enfant en situation de handicap, elle aide toute personne atteinte d’une déficience intellectuelle à mieux apprendre et à réfléchir plus efficacement. www.upbraining.net