Alors que la grippe A (H1N1) circule en France sous une forme assez bénigne ? à l?heure où nous écrivons??, beaucoup de parents s?inquiètent des dangers du vaccin. Et si je faisais prendre un risque à mon enfant ? Et si le vaccin avait été élaboré trop vite?? Et si les adjuvants qu?il contient provoquaient des effets graves??
«?Certaines familles nous questionnent parce qu?elles n?adhèrent pas à la campagne gouvernementale?», confirme Monique Rongières, présidente du Groupe Polyhandicap France. «?Nous avons parmi nos adhérents des parents dont l?enfant est polyhandicapé à la suite d?un vaccin?», précise-t-elle.
«?Toute vaccination recèle un risque, concède le professeur Marc Tardieu, neuropédiatre à l?hôpital du Kremlin-Bicêtre. Mais le danger est infinitésimal dans le cas de la grippe pandémique A (H1N1) en regard du bénéfice attendu. Dans les textes officiels, les personnes polyhandicapées et singulièrement les enfants ne sont pas cités en raison de leurs «?facteurs de risque?» comme les personnes à vacciner en priorité. C?est un oubli évident?
et très regrettable. Tout enfant qui a du mal à tousser, à dégager ses voies respiratoires tout seul, est potentiellement sujet à des complications. Je recommande de le vacciner dès que possible contre la grippe saisonnière et contre la grippe pandémique, et j?engage leur famille à faire de même, au moins pour le protéger. Il ne faut pas oublier que tous les ans, les infections pulmonaires provoquent nombre d?hospitalisations prolongées et de décès précoces d?enfants handicapés.?»
Des effets indésirables minimesMême son de cloche à l?AFM, où le coordonnateur «?grippe?», le docteur El-Hadi Hammouda, s?attache à répondre aux rumeurs. Il répète que les vaccins antigrippaux actuels sont parmi les plus sûrs. Rougeur et douleur au point d?injection, épisode fiévreux?ou allergique?: jamais rien d?autre n?a été relevé. «?Des familles ont entendu parler de la campagne de vaccination contre la grippe porcine aux ?tats-Unis, arrêtée en 1976 parce qu?elle augmentait le nombre de cas de syndrome de Guillain-Barré [maladie auto-immune qui peut se manifester par une grave paralysie]. Il y a de quoi prendre peur si on en reste là, et c?est le filon qu?exploitent les ligues antivaccinales. Mais l?information complète renverse?le sens de cet épisode : le principal déclencheur du syndrome est une infection bactérienne ou virale?
comme la grippe. Si le vaccin accroît très légèrement (1 cas sur 1?million) le risque de développer un syndrome de Guillain-Barré, la grippe elle-même augmente ce risque de 4 à 7 sur 100?000?! »
Des composants bien connus
La méfiance peut aussi s?installer à l?encontre de l?industrie pharmaceutique, qui n?a pas toujours bonne presse parmi les parents d?enfants atteints de maladies rares?
Le nouveau vaccin aurait été fait à la va-vite, avec des adjuvants dangereux puisqu?on conseille aux femmes enceintes de les éviter.
«?L?Afssaps répond de façon très convaincante à ces inquiétudes?[lire ?Mémo?]?», objecte le docteur El-Hadi Hammouda. Le vaccin contre la grippe pandémique, outre les composés qui provoquent l?immunisation, contient des adjuvants et des agents de conservation. Les adjuvants ont l?avantage de maximiser l?effet recherché, ils permettent d?insérer moins de vaccin par dose et donc d?en produire plus. L?un de ceux utilisés, le squalène, n?est pas une nouveauté comme le prétendent certains, mais une substance biologique qui est employée depuis 2001 dans le Gripguard, dont 45 millions de doses ont été administrées sans problème. Les autorités ont recommandé aux femmes enceintes et à certains immunodéprimés de choisir le vaccin sans adjuvants (non encore disponible à la mi-octobre), tout en précisant que ce n?était qu?une précaution et que les femmes à risque de complications devaient accepter sans attendre celui avec adjuvants. L?autre produit incriminé est le thiomersal, utilisé de longue date pour la conservation des médicaments et dont le seul effet indésirable connu (et rare) est une allergie de contact.
Un protocole de fabrication «?normal?»
C?est l?ensemble «?souche virale + adjuvants + conservateurs?» qui doit être évalué, du point de vue de son efficacité et de son innocuité. Une course contre la montre qui se répète à chaque nouveau virus, et pour laquelle aucune étape n?a été négligée cette année. Il se trouve que les trois laboratoires européens qui avaient déjà préparé le vaccin avec une souche différente mais proche (H5N1) ont pu aller très vite ensuite pour l?adapter quand, en mai dernier, la souche H1N1 a été identifiée par l?Organisation mondiale de la santé.
Dernier faux bruit?: si le virus qui circule aujourd?hui mute et devient plus «?méchant?», la vaccination n?aura servi à rien. En réalité, les adjuvants ont encore un avantage important, ils élargissent l?immunisation et seront probablement protecteurs contre une version légèrement différente de la souche actuelle.
En deux mots?: vaccinez-le !
Mémo
Le site de l?Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) est très complet et répond avec beaucoup de réactivité à chacune des objections anti-vaccin, au fur et à mesure qu?elles apparaissent.
www.afssaps.fr (rubrique «?Dossiers thématiques?», «?Pandémie grippale?»).
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